Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours été la fille qui répondait « présente » lorsqu’une personne avait besoin d’aide. Je suis éducatrice spécialisée de formation donc je prenais mon rôle très à cœur que j’appliquais dans ma vie en général. J’ai vécu des situations, des événements ou j’enterrais mon mal bien profond dans le sol. Je vivais dans l’ombre des autres et je nageais à la surface de l’eau afin de garder la tête en dehors pour respirer un peu. J’aidais, j’accompagnais et je supportais sans même prendre conscience de ce qui se passait à l’intérieur de moi.
Parce que franchement! Je suis une intervenante moi! Je n’ai aucun droit de sombrer. Je dois me tenir debout!
Un beau jour, la superwoman que je croyais être a frappé son mur. Elle a frappé si fort qu’elle a coulé au fond de l’eau.
Par contre, l’anxiété n’arrive pas comme ça. L’anxiété arrive en conséquence de choix que nous faisons dans notre vie. Nous ne sommes souvent pas conscients de tout le mal que nous nous faisons vivre. J’ai bien accepté et pris des décisions qui m’ont fait souffrir et qui aujourd’hui m’ont fait grandir. J’ai été la reine pour me lapider moi-même. Rien ne paraissait de l’extérieur, car j’ai aussi une poker face incroyable.
Quand l’anxiété est bien installée, ça te ronge de l’intérieur. Ça te brûle la gorge, ça t’empêche de respirer et des nuits blanches, tu en passes énormément. Tu pleures constamment et tu ne sais même pas pourquoi. Je me suis vue assisse, dans ma cuisine par terre, à laisser couler toutes les larmes de mon corps, à hurler de douleur. J’ai passé des jours à me demander « Pourquoi moi? Qu’est-ce que j’avais de mal pour ne pas être à la hauteur? Pourquoi? Qu’est-ce que j’avais de honteux? ». J’ai voulu disparaître et ne plus être ici.
Je continuais de me dire que ça ne faisait pas de sens, car après tout j’étais intervenante. Des gens comptaient sur moi… Mais de quoi aurais-je l’air? Parce que je faisais ce métier, je ne pouvais pas vivre ça. Une belle pression de plus ajoutée sur mes épaules.
Faut quand même se dire que de base, nous sommes responsables de notre bonheur, mais aussi de notre malheur. Après des mois, voir même des années, j’ai décidé de m’en sortir. Je connaissais très bien la méthode à suivre parce que j’accompagnais des gens à longueur de journée avec ce même problème. J’ai consulté un médecin, un travailleur social et une psychologue. Je me suis inscrite au gym pour évacuer ce stress intense. J’ai accepté de prendre une médication. Après tout, combien de gens autour de vous en prennent? Vous êtes vous déjà posé la question? Ce n’est pas la solution gagnante pour tout le monde, mais pour moi, ç’a fonctionné. J’ai travaillé fort sur moi et je continue encore. J’apprends à être bien avec moi-même, à m’aimer très fort.
J’ai déjà dit que je croyais que la première chose que nous devrions enseigner à nos enfants, c’est d’apprendre à s’aimer si fort. De leur apprendre à être en totale harmonie avec eux-mêmes. C’est ce que j’essaie d’apprendre aux miens.
Malgré tout ça, je suis fière de la personne que je suis. Je suis redevenue aujourd’hui la fille énergique qui a le goût de vivre. Je respecte mes limites, mon énergie ainsi que ma fatigue. Ce que j’ai le plus envie de te dire à toi qui vit peut-être la même chose c’est « Ne reste pas seul avec ta souffrance ». À part mon entourage, je ne crois pas que les gens auraient pu savoir que je vivais tout ça. Je suis celle qui avance avec le sourire au visage, malgré ce que je peux vivre. Sache qu’il y a énormément de ressources pour toi. Tu peux recevoir l’aide dont tu as besoin. Si j’ose parler de tout ça aujourd’hui, c’est que je veux te montrer à toi qui souffre que tu peux t’en sortir. Ne baisse pas les bras, la vie vaut la peine et TA vie est tellement importante. Tu mérites d’être heureux, tu peux me croire.
Tu peux contacter :
Info-Santé et Info-social au 811 te permet de parler à un intervenant qui saura te guider et t’aider. Tu peux aussi contacter le CLSC près de chez toi. Ils sont sur place et ils peuvent aussi t’apporter l’aide dont tu as besoin. Dans chaque Carrefour jeunesse-emploi de ta région, il y a aussi des intervenants sur place qui peuvent te recevoir et être là pour toi.
Ne l’oublie pas, tu es la personne la plus importante de ta vie.